Par Daniel Savouyaud, guide pour Terre Boréale depuis 2021
Après deux années à guider pour Terre Boréale, je réalise à quel point il est délicat d’exprimer avec justesse le niveau de difficulté des séjours offerts par l’agence. Bien que les cotations soient assez justes, de nombreux participants se trouvent surpris au-delà de ce qu’ils avaient imaginé. Et pour cause, il n’est pas évident de percevoir les défis de tels voyages pour quiconque n’a jamais exploré la montagne hors des sentiers. Et ce ne sont d’ailleurs pas forcément les moins expérimentés qui sont les plus déstabilisés. Pourquoi ? Parce que, davantage que des treks, les voyages de Terre Boréale sont des aventures, et qu’une aventure, ça se passe avant tout dans la tête.
“On se fraye littéralement un chemin au travers d’une montagne sauvage, qui n’a aucunement été aménagée pour nous”
Pour tout dire, j’ai moi-même été un peu surpris lors de mon premier séjour pour Terre Boréale. J’avais beau savoir ce dont il s’agissait, c’est seulement rendu sur place que j’en ai pris la mesure exacte et que j’ai réalisé le caractère unique de ces voyages. Une combinaison subtile d’immensité, de sentiment d’isolement, de passages engagés et de terrain variés. Pensez-y, on se fraye littéralement un chemin au travers d’une montagne sauvage, qui n’a aucunement été aménagée pour nous ! Certains pourraient être déstabilisés par le terrain, par les descentes, d’autres par les montées, les traversées de pierriers, le sentiment d’isolement, ou encore la hauteur. En fait, il n’y a rien, en soi, qui ne soit inaccessible à une personne en bonne forme physique, simplement, la combinaison de facteurs inhabituels est suffisante pour nous faire perdre nos repères et jouer parfois dans notre tête. Cela fait directement appel à notre capacité de résilience.
“Les moments les plus lumineux succèdent toujours à ceux les plus difficiles”
Et c’est justement ce qui fait la richesse de ces expériences. Je crois en effet que les aventures sont comme une métaphore de la vie. Elles nous rappellent que rien n’est linéaire et surtout que les moments les plus lumineux succèdent toujours à ceux les plus difficiles. En l’espace de quelques jours de voyage, nous vivons une montagne russe d’émotions, liées à l’effort, aux conditions météo, au terrain ou à l’imprévu. Certains moments peuvent nous sembler insurmontables et générer de la frustration, de la peur ou même du découragement… mais, ensemble, nous passons au travers et l’instant d’après, sans prévenir, au détour d’un rayon de soleil, d’une vue à couper le souffle ou d’une rencontre sauvage, le temps s’arrête et le sourire revient illuminer nos visages. Notre vision s’ouvre à nouveau sur le spectacle flamboyant qui se donne autour de nous, et le bonheur alors ressenti est décuplé par ce que nous venons de traverser. On se sent vivant, accompli, reconnaissant.
“Si j’avais su ce que c’était avant, j’aurais probablement voulu annuler le voyage. Mais maintenant, si je pouvais retourner dans le temps et me parler, je me dirais d’y aller quand même.”
Isabelle, participante, dernier jour du trek Couleurs de Kluane.
Alors, oui, il est tout à fait possible que vous sous-estimiez le voyage et que vous soyez surpris, car, comme pour toute aventure qui se respecte, le défi se cache là où on ne l’attend pas. Mais vous sous-estimez aussi certainement vos ressources et votre capacité à faire face à l’adversité. En faire l’expérience est un immense cadeau pour soi-même. L’expérience d’une vie, sans aucun doute. Le plus important, c’est de se préparer et, surtout, de venir avec le bon état d’esprit. Alors, prêts pour l’aventure ?