Voilà quelques semaines nous avons profité d’une semaine de libre dans notre calendrier pour nous offrir un intermède dans notre saison estivale. Cette fois-ci ce n’est pas un trek mais une descente en canoë que nous avons voulu tester. Nous avons parcouru 240km sur la Big Salmon River. Cette rivière qui prend sa source à Quiet Lake, est réputée pour être sauvage et excellente pour l’observation de la faune.

Début de l’aventure sur la South Canol Road et Quiet Lake

Du point de vue organisation nous n’avons pu quitter Whitehorse qu’en fin de journée pour rejoindre Quiet Lake. Simon avec qui nous sommes partis est passé nous prendre à 17h mais nous rendre à Quiet Lake n’était pas le seul objectif de la soirée! En effet, Simon nous a accompagné car nous avons un beau projet en cours de développement avec lui et il se trouve que nous avions justement besoin d’aller faire du repérage le long de la South Canol Road.

Après avoir passé à peu près trois heures sur la route et trois heures à faire du repérage nous voilà enfin arrivés sur les rives de Quiet Lake, il est presque minuit et demi et nous avons toujours l’intention de parcourir les 8km de lac qui nous séparent de l’embouchure de la rivière pour être prêt à commencer notre descente en canoë dès le lendemain!

Simon est plus que motivé étant donné qu’il vient d’acheter un nouveau moteur électrique pour son canoë il n’a donc pas à s’imaginer pagayer pendant deux heures en plein milieu de la nuit… Cela étant dit le lac est parfait, pas une seule vague et les lumières à cette heure là et à cette époque de l’année sont magnifiques. Nous avons donc embarqué sur nos canoës, après avoir déguster une bonne fondue, pour une belle traversée nocturne.

Arrivés sur notre campement à 3h du mat’, nous avons trouvé un coin plat, dans la pénombre naissante, et avons monté nos tentes. Nous pouvons enfin aller nous coucher tranquilles à rêver de notre aventure en canoë au cœur du Yukon sauvage.

De Quiet Lake à l’embouchure de la Big Salmon en passant par Sandy Lake et Big Salmon Lake

Nous quittons notre premier campement sur les bords de Quiet Lake vers midi, laissant Simon qui rentrera seul à Whitehorse après une journée de pêche sur le lac. Dès le départ nous sommes enjoués par la largeur de la rivière, en effet nous sommes habitués à la Yukon River qui est très large dès le départ. Ici, en trois coups de pagaie on passe d’une rive à l’autre. Nous pouvons facilement observer les deux berges en même temps ! Deux lacs nous séparent encore de la longue partie ininterrompue de la Big Salmon River.

La météo n’est pas terrible il faut le dire et nous espérons que les lacs ne seront pas trop agités pour traverser tranquillement… Sandy Lake est petit et se traverse sans encombre, Big Salmon Lake lui, est un plus grand et de grosses averses nous entourent, le vent est fort mais souffle presque dans le bon sens. Nous passons une pointe de terre qui s’avance dans le lac, nous forçant à prendre le vent en latéral. Les vagues tapent le flanc du canoë et, avec notre lourd chargement, nous embarquons de l’eau.  Heureusement, cette pointe nous offre un parfait abri contre le vent, et un vieil épicéa nous offre un toit contre la pluie. Nous décidons donc de nous abriter pour pique-niquer avant de nous lancer dans la dernière partie de la traversée du lac.

La météo se fait un peu plus clémente lors de notre arrivée au bout du lac, mais l’embouchure de la Big Salmon River se cache… elle est pourtant là, juste devant nous d’après la carte, mais il faut vraiment s’en approcher, presque à voir le courant avancer, avant de discerner la rivière dans les hautes herbes. La forêt qui nous entoure à présent nous protège du vent, mais la pluie se remet à tomber. Mais ce n’est pas grave, nous sommes bien équipés et savons qu’en quelques minutes nous aurons un bon feu au camp ce soir !

La Big Salmon, un paradis pour les amoureux de la faune et de la vie en pleine nature….

Notre première journée sur la rivière est majoritairement passée à esquiver les log jams (amas de troncs d’arbres qui obstruent la rivière) et sweepers (arbres couché au-dessus ou dans la rivière, toujours enraciné sur la rive et qui bloquent le passage) qui sont nombreux sur cette portion. Cela faisait longtemps que nous n’avions manœuvré ainsi à la pagaie et prenons plaisir à naviguer dans cette petite rivière pleine de surprise ! Nous descendons du canoë à deux reprises pour aller repérer notre passage au milieu des arbres morts. Quelqu’un à parfois tronçonné des troncs pour laisser un passage d’eau libre. Ouf ! Sinon ça veut faire un portage par-dessus le log jam : décharger le canoë, porter toutes nos affaires, porter le canoë puis tout recharger avant de pouvoir poursuivre notre chemin.

La carte indique plusieurs endroits avec de potentiels portages, mais la chance est avec nous, aucun d’est nécessaire !

La chance est avec nous également au niveau de la faune. Le premier orignal que nous observons est au milieu de la rivière (qui fait à cet endroit-là environ 20m de large). Dès qu’il nous voit, il se fige sur place, et nous regarde descendre la rivière qui nous emporte qu’on le veuille ou non vers lui. Nous nous observons mutuellement jusqu’au moment où il ne tient plus, alors que nous sommes à 20m de lui, et qu’il fuit en courant vers la rive puis sous le couvert de la forêt. Ce jeune mâle ne sera que le premier des 8 orignaux que nous observerons sur la rivière.

Après avoir passé la zone la plus encombrée de la rivière, la descente devient un mélange de zones aux courants accélérés qui traversent les bancs de galets et offrent de belles vues sur les montagnes alentours et des zones plus lentes avec de beaux méandres entourés de forêts aux magnifiques sous-bois. C’est dans la première de ces zones, le deuxième jour, que nous observons un couple de balbuzard pécheur (Pandion haliaetus) qui nous fuient dès que nous nous approchons d’eux. Les méandres infinis nous ramènent à plusieurs reprises sur eux et nous offrent de très belles observations, même si la pluie nous empêche de prendre des photos.

Tous les soirs nous choisissons notre camp, vue sur la rivière obligatoire, et cuisinons les plats que nous avons l’habitude de préparer sur nos descentes de la Yukon River avec nos clients. Eh oui, même sans clients on ne se laisse pas aller chez Terre Boréale !

Quand vous partez sur une rivière réputée pour être riche en faune, vos attentes sont hautes bien entendu. Nous n’avons pas été déçus ! En plus des orignaux (dont deux femelles avec leurs jeunes), nous avons observé 4 lynx dont un qui traversait la rivière à la nage, un ours noir, des mouflons, des castors, des canards en tous genres souvent accompagnés de leurs ribambelles de jeunes canetons !

Un voyage au Yukon comme on les aime, simple, magnifique et remplis de belles observations !